En moyenne, un professionnel du bloc est mis en cause une fois tous les 5 ans : c’est ce que montre la dernière Cartographie des risques opératoires publiée par Branchet.
Parmi les différentes spécialités médicales, l’anesthésie-réanimation n’est bien sûr pas épargnée par le phénomène. D’où l’importance, pour les praticiens, de connaître les principaux risques auxquels ils sont exposés, mais aussi les rôles des professionnels de santé en salle de réveil.
Quelle est la fréquence des mises en cause en anesthésie-réanimation ?
L’anesthésie-réanimation fait partie des domaines les plus stables en matière de sinistralité. Elle représente actuellement 14 % des réclamations en ambulatoire et 15 % d’entre elles hors ambulatoire.
Par ailleurs, l’anesthésie-réanimation possède le nombre de réclamations annuelles le plus faible (en proportion) parmi toutes les spécialités du bloc. En moyenne, un anesthésiste-réanimateur est mis en cause tous les 6 ans et 3 mois. À titre de comparaison, un neurochirurgien est quant à lui mis en cause tous les 2 ans et 1 mois.
Ces chiffres constants depuis plusieurs années s’expliquent notamment par la culture du risque inhérente à l’anesthésie-réanimation, mais aussi par l’apport régulier de nouvelles connaissances scientifiques dans cette spécialité.
Comment expliquer la part des réclamations relative à l’anesthésie-réanimation dans le cadre ambulatoire ?
La part des réclamations relative à l’anesthésie-réanimation dans le cadre ambulatoire a de quoi surprendre, car elle est pratiquement la même qu’en hospitalisation. Cependant, deux principaux éléments permettent de nuancer ce constat.
Tout d’abord, les anesthésistes-réanimateurs sont victimes d’un biais qui concerne la plupart des réclamations. En effet, lorsqu’il se considère victime d’un dommage médical, un patient a tendance à mettre en cause l’ensemble de l’équipe du bloc (ce qui implique, évidemment, l’anesthésiste). Ce dernier sera donc impliqué dans la procédure indemnitaire, même s’il apparaît comme évident que le dommage n’est en aucun cas consécutif à l’acte d’anesthésie. Cet état de fait explique d’ailleurs le taux de mise hors de cause particulièrement élevé des anesthésistes-réanimateurs : dans cette spécialité, 89 % des réclamations mènent à une exonération de responsabilité.
D’autre part, il n’est en fait pas si surprenant de constater que le taux de mise en cause est pratiquement le même dans le cadre ambulatoire et dans le cadre d’une hospitalisation. En effet, les actes médicaux réalisés en ambulatoire sont souvent perçus comme moins lourds que les autres : ils induiraient donc des actes anesthésiques moins sévères (et donc moins risqués). Mais, en réalité, les actes ambulatoires s’apparentent de plus en plus aux actes réalisés dans le cadre d’une hospitalisation. Cette similitude explique l’harmonisation naturelle des taux de mise en cause des deux catégories, qui sont voués à se rapprocher de plus en plus.
Ainsi, il n’existe pas de différence évidente entre le nombre de réclamations en ambulatoire et le nombre de mises en cause en hospitalisation. Toutefois, il faut noter que les actes réalisés dans le cadre ambulatoire génèrent globalement des sinistres aux conséquences moins lourdes. Par exemple, l’absence de drains se traduit par une nette diminution des risques. En revanche, l’ambulatoire induit aussi certaines responsabilités pour l’anesthésiste, comme la signature du bulletin de sortie.
L’antibioprophylaxie : principal facteur de mise en cause en anesthésie-réanimation ?
L’antibioprophylaxie est une pratique réalisée par l’anesthésiste-réanimateur, qui en partage la responsabilité avec le chirurgien, considéré comme co-responsable. C’est l’un des principaux facteurs de mise en cause, qui se traduit le plus souvent par un défaut de traçabilité dans le dossier (plutôt que par une non-réalisation de l’antibioprophylaxie).
On constate d’ailleurs que la perception de la qualité de cette pratique connaît une dégradation continue, notamment en anesthésie-réanimation et en chirurgie du rachis. Cependant, ce phénomène ne se traduit pas par une hausse de la sinistralité : cette prétendue baisse de la qualité de l’antibioprophylaxie doit donc être relativisée.
En revanche, l’augmentation du niveau d’exigence des médecins conseils, chargés d’analyser les dossiers après expertise, apparaît comme une explication plausible. Elle est notamment justifiée par la volonté permanente de réduire les risques liés à l’anesthésie-réanimation.
Pour faire face aux principaux risques liés à leur pratique, Branchet propose un contrat d’assurance RCP pour les anesthésistes, couvrant l’ensemble des mises en cause les plus fréquentes, tout en prenant en charge une éventuelle perte de revenu ou impossibilité d’exercer.