Branchet publie tous les 2 ans sa cartographie des risques. Cette édition est tout à fait particulière compte tenu du contexte de la crise COVID. Il y a d’un côté les grandes tendances que Branchet suit année après année et de l’autre les impacts particuliers de cette crise et les moyens d’en protéger les médecins libéraux… Retour sur les détails de cette cartographie avec Philippe Auzimour, directeur général Branchet.
Philippe Auzimour, quelles sont les grandes tendances de l’évolution des risques enregistrée sur vos 7000 clients du plateau technique lourd en 2020 et 2021 ? Voyez-vous des évolutions notables ?
Nous avons enregistré une baisse de la fréquence des mises en cause de la garantie responsabilité civile professionnelle depuis 4 ans. J’y vois avant tout le fruit des efforts structurels de nos assurés en matière de prévention du risque opératoire. Cette baisse est conjoncturelle en 2020, car liée à toutes les raisons d’arrêt d’activité, total ou partiel, déprogrammation, renoncement temporaire aux soins des patients.
Du point de vue de l’assureur, quels ont été les enseignements de cette crise COVID ?
Le plus surprenant est l’augmentation majeure des risques liés à la Cyber sécurité. Les hackers ont compris que les données de santé pouvaient être une mine d’or. Ce sont principalement les établissements de santé qui sont visés, mais par rebond ce sont les médecins qui sont étroitement imbriqués aux systèmes d’information des établissements.
Et aussi nous avons ressenti une inquiétude croissante de nos assurés sur leurs conditions d’exercice par le biais de notre Assistance Juridique qui a dû répondre à énormément d’appels : manque de personnels mis à disposition pour faire fonctionner les blocs, travaux inopinés, etc. Donc un ralentissement des activités et des tensions entre les établissements et les médecins qui n’ont pas eu le même traitement financier pendant la crise.
En avez-vous tiré des leçons ?
Nous avions déjà anticipé le risque Cyber en équipant plus de la moitié de nos assurés d’une assurance Cyber. Mais devant l’ampleur des attaques, nous avons dû revoir entièrement notre offre pour la professionnaliser au maximum et apporter une garantie solide. Parce que, croyez-moi, si vous subissez une attaque, les conséquences peuvent être terribles puisque les médecins sont juridiquement responsables de leurs données médicales. Aujourd’hui nous sommes en mesure d’assister au mieux nos assurés s’ils souscrivent notre garantie Cyber pour moins de 400 € par an.
Pour les questions juridiques qui font partie de notre Protection Juridique, nous avons 5 fois plus de demandes d’assistance et 2 fois plus de sinistres. Nous avons donc renforcé à la fois notre service d’assistance et les garanties protection juridique. Ceci afin d’être en capacité de répondre à toutes les problématiques et notamment des relations avec les cliniques.
La voie juridique est donc la seule possible ? Quel est le coût de cette assistance et de cette protection juridique ?
Non, mais les médecins ont tous un contrat d’exercice professionnel qui les lie aux établissements. Nos experts et avocats vont être mobilisés pour gérer ces crises et les résoudre par les différents moyens dont nous disposons, et dans certains cas via la garantie protection juridique. Ils connaissent tous les arcanes et sauront toujours être de très bon conseil, voire des médiateurs en cas de conflit. Ici encore, le cout total de l’assistance et de la protection est de 400 €, ce qui est tout à fait raisonnable par rapport au service rendu.
Les praticiens sont-ils suffisamment formés à la prévention de ces contentieux ?
Non, et ce manque actionne trop souvent les garanties RCP ou PJ alors qu’il n’y a pas de problème technique. C’est pourquoi nous élaborons un programme pour améliorer leurs compétences relationnelles et humaines (soft skills), avec le CHU de Grenoble. Nous le proposerons aux équipes opératoires et ferons une tournée dans les cliniques en 2022 dédiée à ces « soft skills ».