Les produits de contraste en radiologie sont des substances utilisées pour améliorer la visibilité des structures anatomiques lors des examens d’imagerie médicale tels que les scanners et les radiographies. Généralement administrés par injection intraveineuse, intra-artérielle ou par voie orale, ils permettent de mettre en évidence certaines parties du corps et de mieux diagnostiquer les affections. En effet, ils sont utilisés lorsque des détails supplémentaires sont nécessaires pour établir un diagnostic précis et fournir des informations complémentaires aux professionnels de santé.
La nouvelle loi de financement de la sécurité sociale pour l’année 2023 et l’arrêté du 20 avril 2023 modifiant la convention nationale organisant les rapports entre les médecins libéraux et l’assurance maladie introduisent des changements significatifs dans le circuit d’approvisionnement des produits de contraste en radiologie. En effet, à partir du 1er mars 2024 pour les IRM et les scanners, les tarifs des forfaits techniques incluront les produits de contraste, simplifiant ainsi le processus d’achat et visant une utilisation plus efficiente de ces produits dans les examens radiologiques.
A travers cet article, nous vous proposons un retour sur les changements qu’impliquent ces nouvelles dispositions ainsi que sur les bonnes pratiques à adopter pour une utilisation raisonnée des produits de contraste en radiologie.
Produits de contraste en radiologie : vers une restructuration du parcours
Auparavant, il était de la responsabilité des patients d’acheter leurs propres produits de contraste à la pharmacie avant de se rendre à leur examen radiologique. Cependant, cette pratique sera restructurée à partir du 1er mars 2024, les dispositions fixant les tarifs des forfaits techniques incluant désormais les produits de contraste. Les cabinets seront autorisés à se procurer les sels de gadolinium ou les produits iodés multi patients. En revanche, les produits de contrastes pour les examens sans forfait technique resteront à acheter en pharmacie d’officine.
Les circuits d’approvisionnement seront à construire d’ici cette date pour les radiologues libéraux. L’objectif est d’utiliser le moins de produits possible, de simplifier le parcours de soins des patients et de renforcer la pertinence de l’utilisation de ces produits. Cela permettra ainsi, outre une meilleure utilisation des volumes nécessaires, de limiter le gaspillage des doses et d’éviter la perte de produits achetés par les patients mais non utilisés. Avec l’avènement des appareils d’imagerie médicale disposant de capteurs de plus en plus performants, seule une petite quantité de produit de contraste est désormais nécessaire.
L’objectif final de cette restructuration est de parvenir à une utilisation plus efficiente et responsable des produits de contraste, tant sur le plan économique qu’environnemental. Cela contribuera d’ailleurs à aligner le fonctionnement et les dépenses françaises sur celles des autres pays européens, tout en garantissant des soins de qualité aux patients et en évitant le gaspillage des ressources médicales.
Produits de contraste en radiologie : assurer une bonne optimisation des doses
Il convient de s’assurer de la pertinence de l’examen et de l’injection du produit de contraste, et de bien évaluer les risques. Il est dès lors important de rechercher les facteurs de risques spécifiques au patient et d’évaluer le rapport bénéfice/risque, en tenant compte des avantages potentiels de l’examen.
Lors de l’injection de produits de contraste en radiologie, il est capital de retenir qu’il existe toujours un risque d’insuffisance rénale, tant lié au patient lui-même qu’à la procédure réalisée. Réduire les quantités de produits de contraste permet ainsi de réduire les risques rénaux. Il est donc essentiel d’évaluer attentivement ce risque et de prendre les mesures appropriées pour garantir la sécurité du patient.
⚠️ L’administration du produit de contraste est directement liée à l’exposition aux rayons X. Ainsi, réduire les doses permet de limiter les rayonnements ionisants en diminuant les kV et donc les effets secondaires.
Dès 2019, le Comité Inter Sociétés de Radiothérapie et de Cancérologie (CIRTACI) avait ainsi établi des fiches de recommandations dont certaines sont spécifiques à l’optimisation des doses chez les patients à risques rénaux.
Le CIRTACI mettait déjà en évidence un point crucial dans l’optimisation des doses de produits : l’équilibre de la dose totale d’une part, et le débit de concentration d’autre part. Ainsi, jouer sur cette balance permet d’optimiser les doses en garantissant à la fois une qualité de diagnostique optimale et une sécurité accrue pour les patients.
➡️ Il n’existe pas de volume ou de concentration qui conviendrait à tous les examens radiologiques. Chaque cas clinique est unique et nécessite une approche individualisée pour déterminer la meilleure dose de produit de contraste à administrer.
Selon les recommandations du CIRTACI, il est aussi recommandé d’adapter la dose administrée en suivant le principe ALADA (As Low As Diagnostically Acceptable), règle primordiale de la radioprotection, consistant à injecter la plus petite dose nécessaire pour obtenir un résultat diagnostique satisfaisant. Et, en cas d’administration intra-artérielle et de premier passage, il est conseillé de ne pas dépasser une dose maximale établie selon les recommandations de l’European Society of Urogenital Radiology (ESUR) pour prévenir la néphrotoxicité.
L’optimisation des protocoles peut également être faite. Elle passe par une collaboration étroite entre le radiologue, l’équipe paramédicale et les autres acteurs impliqués (ingénieur des machines, manipulateur, laboratoire de produits de contraste…). Leur collaboration avec le radiologue est essentielle pour appliquer la stratégie d’administration la plus appropriée pour chaque patient et chaque examen radiologique.
👉 L’optimisation des doses en radiologie est donc essentielle pour garantir la sécurité des patients et réduire les risques associés à l’utilisation des produits de contraste. En respectant les recommandations et en adaptant les doses administrées en fonction des besoins spécifiques de chaque patient, il est possible d’obtenir des résultats diagnostiques fiables tout en minimisant les risques pour la santé. Cette approche responsable contribue à améliorer la qualité des soins et la sécurité des patients en radiologie.
Ce qu’il faut retenir
A partir du 1er mars 2024, les tarifs des forfaits techniques incluront les produits de contraste en radiologie, ce qui simplifiera le parcours des patients. L’objectif est d’utiliser moins de produits, de limiter le gaspillage et d’assurer une utilisation plus responsable, que ce soit sur le plan économique et environnemental.
Avant et pendant les examens radiologiques, il sera essentiel d’évaluer les risques pour les patients et d’adapter les doses de produits de contraste en fonction de leurs besoins spécifiques. Cette nouvelle approche permettra d’optimiser les résultats diagnostiques tout en minimisant les risques pour la santé.
Enfin, la collaboration entre les professionnels de santé sera également importante pour mettre en place les meilleures pratiques et ainsi garantir la sécurité des patients.
D’après un entretien avec le Dr Masson, radiologue et président de la Fédération Nationale des Médecins Radiologues (FNMR)