A la suite d’une intervention, la surveillance continue du patient est essentielle, en plus d’être une obligation légale. Toutefois, les rôles des professionnels de santé en salle de réveil doivent être parfaitement identifiés pour que les différentes phases du réveil se déroulent dans les meilleures conditions.
Comment se déroule le transfert du patient en SSPI ?
La surveillance commence dès la fin de l’intervention et de l’anesthésie. Ainsi, le transfert du patient du bloc opératoire vers la salle de surveillance post interventionnelle (SSPI) fait partie intégrante du protocole.
Durant ce transfert, le malade doit obligatoirement être accompagné par le médecin ayant réalisé l’anesthésie ou par un infirmier anesthésiste (IADE), selon les recommandations de la Société Française d’Anesthésie Réanimation (SFAR). En effet, cette étape cruciale peut nécessiter des soins particuliers, en fonction de la longueur du trajet à effectuer.
Par ailleurs, le médecin anesthésiste-réanimateur a la charge d’autoriser ou non le transfert en SSPI, qui ne doit pas être réalisé trop tôt. L’arrêt n°11/05434 de la Cour d’Appel de Douai, datant du 23 mai 2013, illustre bien cette responsabilité. Dans cette affaire, un anesthésiste avait imprudemment transféré une patiente en salle de réveil de façon trop précoce, « au lieu de la garder encore quelques minutes pour s’assurer que, lors de l’arrêt de l’administration du mélange du Sévorane avec le protoxyde d’azote, l’hypoxie ne se prolongeait pas et continuer la ventilation en oxygène. »
Comment se déroule l’admission en SSPI ?
À l’arrivée du patient en salle de réveil, l’accompagnant (qu’il s’agisse d’un médecin ou d’un infirmier anesthésiste) doit effectuer une transmission verbale et écrite à l’attention du médecin anesthésiste-réanimateur responsable de la salle ou, à défaut, de l’IADE présent en SSPI.
D’après les recommandations de la SFAR, cette transmission doit porter sur l’anesthésie elle-même, mais aussi sur l’acte médical effectué et sur les soins spécifiques à dispenser au patient.
L’arrêt n°19/199 de la Cour d’Appel de Douai, datant du 4 avril 2019, met en lumière les éventuels manquements susceptibles de se produire lors de cette phase d’admission. Ici, la responsabilité d’un médecin anesthésiste-réanimateur a été retenue car il « se devait d’informer le personnel infirmier spécialisé non seulement de l’utilisation au cours de l’intervention d’un produit dérivé du curare, ce qui normalement doit apparaître sur le document qui suit le patient du bloc opératoire à la salle de réveil, mais bien davantage aviser ce personnel de l’absence de recherche d’une éventuelle curarisation résiduelle comme l’absence d’administration d’un produit antidote. » De par le non-respect des recommandations de la SFAR, le médecin a ainsi créé les conditions d’un accident anesthésique survenu en salle de réveil.
Qui est chargé de la surveillance en SSPI ?
D’après la loi, la présence d’un médecin anesthésiste-réanimateur en SSPI n’est pas obligatoire. En revanche, la présence d’un ou plusieurs infirmiers (selon le nombre de postes que contient la salle) est exigée.
Le personnel paramédical est cependant placé sous la responsabilité du médecin anesthésiste : ce dernier est donc chargé de diriger la surveillance, qu’il soit en SSPI, au bloc opératoire ou ailleurs dans l’établissement. Il est également tenu d’intervenir sans délai en cas de besoin.
Précisons que la surveillance en salle de réveil ne doit pas obligatoirement être confiée à des IADE, les infirmiers étant habilités à effectuer cette tâche.
Qui est responsable de la sortie de SSPI ?
Les rôles des professionnels de santé en salle de réveil doivent également être bien délimités au moment de la sortie du patient. D’après les recommandations de la SFAR, seul le médecin anesthésiste-réanimateur est en mesure d’autoriser la sortie. Toutefois, les infirmiers de SSPI peuvent également prendre cette décision à condition d’appliquer un score de sortie validé par le médecin, permettant d’apprécier l’autonomie du patient et l’absence de complications.
Enfin, en ambulatoire, la signature du bulletin de sortie revient prioritairement à l’anesthésiste, bien qu’elle puisse aussi être réalisée par le médecin ayant effectué l’intervention.
Que faire en cas de transfert en secteur d’hospitalisation ?
Dans cette situation, les consignes à fournir au personnel du secteur d’hospitalisation doivent être renseignées dans un document classé au dossier médical du patient. Il en va de même pour les informations recueillies lors de la surveillance. L’IADE est généralement chargé de la transmission de ces informations, mais la responsabilité du médecin anesthésiste-réanimateur peut également être engagée.
Avec une vision claire et précise des différents rôles des professionnels de santé en salle de réveil, il est possible de se prémunir contre les principaux risques et causes de réclamation liés à l’anesthésie. Cependant, souscrire une assurance RCP anesthésiste reste indispensable pour exercer votre spécialité en toute sérénité.